I. L’Aptateur :
Les mots sur le diagnostic n’ont plus le poids du couperet
À force de mensonges, martelés
Suis-je sincèrement inapté ?
À qui ? À quoi, mais à quelle société ?
Ce n’est ni ma fratrie, ni mes choix
Quelle supercherie conviendra ?
À se fondre dans la masse, à altérer nos actes
Ouais ce besoin d’un aptateur pour ajuster nos choix
À décider pour moi de ce qui colle et ne colle pas
Même une syllabe en moins peu importe tant que c’est adéquat
Inapte à tricher et pour ne pas boire la tasse
Il ne nous manque que la clé pour ajuster nos choix
La clé comme talisman pour ne plus perdre la face
Enfin ne plus être inapté et mourir en soldat
II. Motion de méfiance
Prostitués et sous nos yeux
Des miettes et des aveux du bout des lèvres
De l’opulence ne sort que la colère
De belles paroles en fausses promesses
De serments désuets avalés par la fête
Une fourberie, soyons sincères
Motion de méfiance
Quitte à ramasser quelques balles perdues
Autant trébucher à deux
Mais en âme et conscience
De la parole et du sens
Ne faisons plus la sourde oreille et dansons
Sur un monde en cendres
Et réfugiez-vous dans vos cases
Réfugiez-vous dans vos cages
Les derniers rois sont morts
Emportés par l’audace et les remords
Ni dieu ni maître soyons sages
Mi-dieu mi-traître, un ramassis de cadavres
Votons à raison ou à tort
Et redressons la tête
On a la terre à bouffer et le monde à saigner
Votre déroute on l’encaisse
Nous sommes par le verbe ou par le geste
Tenus à nous dresser comme des cerbères face à vous
Votre défaite on l’emmerde
III. L’Encre
Laisse les aiguilles exécuter
Des idées noires et noirs corbeaux
Les délires partagés en douleur
Copains d’un soir et idéaux
Mon histoire est mon épiderme
Consigner la vie sur la peau
Encrer ma barque sur la chair ferme
Fluides répandus au fil de l´autre
Désirer sans ambiguïté
Le va-et-vient de la machine
Addict au monde aseptisé
Où se tracent toutes les divines lignes
Dans chaque pyramide, chaque caverne
Broder sans tenir au fuseau
Signer sans connaître les termes
Donner au sang un goût nouveau
Laissez-moi m’encrer
IV. Tous des chiens
Nous sommes tous des chiens, vautrés sur la paille
Le soleil s’est couché un soir de ripaille
Boucs émissaires quand le malaise s’installe
On a revu nos plans, ils restent bancals
Les cartes tombent comme les hommes au sommet de l’affiche
Adulant des fantômes, reniant nos principes
À l’aveugle, on avance moins bien que mal
Le faux gouverne en maître, le mépris est total
Une descente aux amphét’, un suicide à l’alcool
La triche reste à la mode, le cynisme la norme
On a refait nos calculs, faussé les résultats
On feindra la surprise quand le couperet tombera
Nous sommes tous des chiens, vautrés sur la paille
Le soleil s’est couché un soir de ripaille
On s’entiche de tout ce qu’ils nous laissent
Un leurre, une mauvaise adresse
Nous sommes les boucs émissaires quand le malaise s’installe
On a revu nos plans, ils restent bancals
On se meurt c’est tout ce qu’il nous reste
Un sursis Peut-être. Un Requiem.
Alors on rit, on pleure en ravalant nos larmes
La 50ème douleur nous sera fatale
Amnésique, on le sait, on s’assied sur l’histoire
On s’enferme entre fous, on se ressert à boire
Vaniteux, insolents, on remet le couvert
Sur notre condescendance on remet le couvercle
On apprivoise nos faiblesses, le déni et les restes
L’inertie se gangrène au fond de notre ivresse
V. Tomber des nues
Il nous restait toujours une part
On partageait sans honte tout ce qu’on avait à boire
Les portes restaient ouvertes, de ce groupe disparate
Des occasions manquées et des rendez-vous dégueulasses
Un voyage d’escales en stations
Et quelques portes closes parfois, on le comprend
Mais la nôtre reste ouverte et le bar est immense
Si les bras se tendent les relations aussi dans la défiance
Parfois c’est dur et la vie est une chienne
Parfois les mots sont lâchés comme des fauves dans une arène
Les feux de paille se propagent et subitement
Consument les joies et sarments d’insouciance
On pouvait s’oublier, on méprisait le temps
Mais les dents sont trop longues et parfois percent nos gencives
La rage et l’insolence, oubli et grande lessive
Un verre renversé et la main se tend pour le remplir
VI. Le Fardeau
Une paire d’idées foireuses des bras cassés du dédain
Un fiasco assuré pour contrarier ou juste pour rien
Des échecs programmés en masse et pourtant ces moments font tellement de bien
On affine le désordre on en a besoin pour exister
On n’est pas à notre place alors on bouge quitte à chuter
Comme une nécessité, notre manière de lutter
Ce sont toutes ces folies qui nous permettent de prendre votre merde et de l’encaisser
Pour tout mettre de travers on se fait nos propres scénarios
On vénère le chaos tout ce qui est bancal est bien plus beau
On conchie toutes vos règles, on se plaît à vivre dans votre dos
La vie que vous voulez nous laisser est impossible, gardez votre fardeau !
Vous vous partagez le monde, pendant qu’on donne, pendant qu’on crée
Si vous nous divisez sachez qu’on peut se multiplier
Nous ne sommes pas des chiffres mais des personnes, arrêtez de nous calculer
La phobie de la norme alimente notre hostilité
On est des tonnes à vous garder à l’œil et ça faut que vous le sachiez
On vous observe, on juge, on s’applique à vous saboter
Imposez-nous vos règles et on trouvera la parade pour les contourner
VII. La Poussière
De quoi sera fait demain ?
Et tu demandes au vent ce qu´il pense de la poussière
On est toujours trahis par les siens
Et tu demandes au vent ce qu´il pense de la poussière.
Ranger nos cauchemars dans des boites qu´on ne peut plus fermer
Manger et dormir dans des boites qu´on ne peut plus payer
Poussés à se pendre, se vendre épuisés par les heures l‘horloge a connu des ratés
Dans la descente aux Enfers
Juste assez de somnifères
Pour marcher sur un fil sans le casser
Ta gueule et marche sans broncher t´es si facile à remplacer
Tuer l‘assistanat, planifier l´assassinat
De la classe ouvrière et laborieuse
Rapport de force et fosse commune pour tous les héritiers
Du système oppresseur des voleurs et des traîtres
Et il fera printemps quand les têtes vont tomber
VIII. L’échec
Et c’est parti ouais meurtrissons nos corps
Laissons-les se démembrer, se taillader
Sans repères, en frères refaisons la mort
En pièces lâchées dans ces nuits insensées
Overdose partagée
Des tonnes de putain de pilules amères délétères
Des parfums vénéneux et des fleurs immondes
Tape dans les miennes
Il n’y en aura pas pour tout le monde
Que valent vos permissions ?
Que valent nos destructions ?
Des penchants morbides tombent en suffisance
Que valent vos décisions ?
Valent-elles nos soumissions ?
L’effondrement et nos corps en offrande
Pauvre machine infâme
On s’était pourtant promis qu’on ne lâcherait rien
Ingénieux incapables
Des âmes perdues et pour seul reste : l’Échec !
IX. Pars
Pars Tout est si sombre, tout s’est brisé
À l’instant où on a tout fait pour te garder
Plonge dans cette apnée, tout est immonde
À trop vouloir te retenir on t’a égaré
Si t’as perdu ton âme il te reste le choix l’arme
Une bouteille de vodka, une autre famille ou le drame
On respecte tous les droits, vivre comme mourir
Parfois aimer vraiment c’est pouvoir laisser partir
Alors pars
Pars sans te retourner, juste ce droit
De toute façon on t’a perdu c’est terminé
Tombe sans te relever, sans pardonner
Délivre-toi de tous les spectres du passé
Si t’as perdu ton âme il te reste le choix l’arme
Une bouteille de vodka, une autre famille ou le drame
On respecte tous les droits, vivre comme mourir
Parfois aimer vraiment c’est pouvoir laisser partir
Ici ton temps est terminé alors autant en finir
On savait que ça devait arriver
On ne veut plus te voir souffrir
À trop vouloir te garder ils ont bousillé tes chances
Et je te comprends, on les emmerde, on n’a aucun compte à leur rendre.
Alors pars
X. Une putain de chance
On a bien fait de passer par là, on a trop bien fait d’en chier
À prendre la route et sacrifier nos vies, nos familles, désolé !
Tous ces week-ends dans un camion pour trois centimes de toute façon
On devait fonctionner de travers, on voulait tout mettre à l’envers
Grâce à vos cris on est en vie, on a une putain de chance
De vous avoir à nos côtés sans vous tout ça n’a aucun sens
On a une putain de chance, juste une putain de chance
C’est peut-être un détail pour vous mais ça justifie tout
On a enfin trouvé une place, notre manière d’exister
Vous nous avez donné le courage de tout envoyer chier
On a une putain de chance, juste une putain de chance
De vous avoir à nos côtés sans vous tout ça n’a aucun sens
On a une putain de chance, juste une putain de chance
Nos cœurs sont aussi pleins que nos verres que vous remplissez dans la joie
Vous nous avez ramenés sur terre chaque fois qu’on frôlait la misère
On vous en doit une sacrée pour ça
XI. Déglingués
On est tous un peu déglingués
Dérangés par nos actes, nos méfaits nos pensées
On est tous un peu déglingués
Par le poids de nos choix, par nos vices et nos tics
Ouais malgré la cravate on reste tous des gamins
On a merdé un jour, on s’est sali les mains
On est tous déglingués et principalement tous ceux
Qui croient qu’ils ne le sont pas
On est tous un peu déglingués
Un stylo, des menottes ou une pipe à la main
On est tous un peu déglingués
Par la crainte de ne pas être une flèche ouais !
On est tous un peu déglingués
Dérangés par nos actes, nos méfaits nos pensées
On est tous un peu déglingués
Par le poids de nos choix, par nos vices et nos tics
On est tous un peu déglingués !
XII. Mis à part ça tout va bien
Ravagé comme personne, endormi dans la seconde
Et dehors par milliers de frangins
Quelques bombes qui tombent pendant qu’on danse la ronde
Et on ne connaîtra jamais la fin
La culpabilité, pour ces laissés pour compte
Et nous levons nos verres d’une seule main
Dans ce flou immonde on ne sait plus trop : Est-on hier ou déjà demain ?
Et j’empeste le manque de mes frères oubliés
Et le van à l’arrêt, qui a perdu les clés ?
Je me saoule de ces futilités, tiraillé J’ai encore chopé le verre troué
À part ça tout va bien, mis à part ça tout va bien
Pour le reste on verra demain
Consumé, enjoué, triste, désabusé
Et pour quelques croquis incertains
Une consommation pour des points qui tombent
Personnels, collectifs et on craint
à rêver d’une maîtrise utopique on se morfond pour du vent, du sérieux ou du Rien
Dans ce flou immonde on ne sait plus trop : Est-on hier ou déjà demain ?
XIII. La Fin :
Ça sent la fin et tous nos plans fumeux n’y changeront rien
Tout est plié, brisé et sans issue, non
Même équipage pour une même fable invariable
Quand l’horizon devient l’impasse, le poisson dans la nasse
Que des voies sans issues, que des choix de fortune
Toutes les séparations font mal, les changements sont odieux
Ne rendons plus l’issue fatale mais faisons nos adieux
Casse ou se cache quand le peuple fond en larmes
Le poison est trop radical ne pensons plus comme eux
Les paris sont ouverts pour le final, peu importe la chute
On est tous en cavale, ouais ça sent la fin
Au crépuscule de la défaite, l’angoisse et le déclin